Henri Joseph Koumba film le "Collier de Makoko  

Présent au dernier Festival de Cannes où il a présenté, au Marché des films, "Le Collier de Makoko", dernier long métrage gabonais dont il est le réalisateur, Henri Joseph Koumba Bididi a eu un certain succès au cinéma l’Olympia et au Palais du Festival où le film a été projeté. Clapnoir.org lui a posé quelques questions au sortir de la 64è édition de cette grande rencontre internationale du cinéma.

© D.R. / Henri-Joseph Koumba Bididi (à gauche) avec Philippe Mory, père du cinéma gabonais et acteur dans "Le Collier de Makoko".

Le collier du Makoko - Cannes 2011
Première mondiale au marché du film


Dans une réjouissante comédie franco-gabonaise où l’on découvre un enfant gavroche supérieurement malin qui élève un lion devant être rapatrié en brousse… (super Yonas Pérou, vu dans L’enfant lion, on mise sur lui ! ), un chercheur en biologie gabonais qui se prend pas peu au sérieux (Eric Ebouaney, bon aussi dans l’autodérision) et une journaliste française jolie et écervelée aux cheveux blonds tressés à l’africaine qui n’a pas encore d’enfant ni de mari… (surprenante et charmante Hélène de Fougerolles d’avoir plongé tête baissé dans cet inbroglio françafricain qui n’est pas sans rappeler une parodie sympathique des aventures d’Indiana Jones), il est question d’un collier d’or appartenant à la reine d’une tribu gabonaise et possédé par un haut dignitaire français dont il orne la collection de trésors dans un château de la région parisienne… !

Jouant à fond le jeu des codes de la comédie d’aventure – à l’américaine -, manipulant le désir avec légèreté et doigté, enchaînant gags, rocamboles et carambolages entre Paris, Libreville et la jungle des pygmées, avec funny happy ending « famille recomposée métissée », le réalisateur du remarqué "Les couilles de l’éléphant" propose ici une comédie familiale bien ficelée, du pur divertissement. L’intelligence politique est là aussi, à chacun d’y décrypter ce qu’il veut y trouver.

Rencontre avec un réalisateur qui a choisi la comédie :

Comment est né le projet de ce film dont le scénariste est français et le réalisateur gabonais ?

Après Les couilles de l’éléphant, j’ai travaillé sur des séries. On m’a proposé ce scénario de Robert Darene, un cinéaste français ayant travaillé avec Jean Marais, tous les grands, qui a aujourd’hui 97 ans. Il a écrit le scénario il y a vingt ans et a tenté de le réaliser en 1995. Il est même venu au Gabon faire des repérages et finalement, le film ne s’est pas fait. Quand il a vu Les couilles de l’éléphant, il m’a contacté. J’ai passé trois jours avec lui à Rambouillet, j’ai découvert qu’il avait une grande culture de notre pays, des souvenirs extraordinaires. J’ai trouvé le scénario formidable. De l’aventure, un fond culturel, c’est ce que j’aime. On a écrit pendant quatre ans.

Pourquoi une comédie ?

On pense à un public familial, jeune. Le discours du film est tourné vers les jeunes. Nous ne pouvons pas nous développer si nous ne nous appuyons pas sur notre culture. Je traite souvent de sujets graves sur un ton léger. Je suis d’une tradition orale où l’on raconte beaucoup d’histoires. J’ai souvent compris des choses à travers une histoire que l’on me racontait de façon agréable. C’est pourquoi je cultive le goût de la comédie et de la dérision. Dans Les couilles de l’éléphant, je parlais de politique. Mais dans le film, on s’intéresse à l’histoire et la politique reste en arrière-plan. Mes auteurs de chevet sont Woody Allen, ou des films comme Certains l’aiment chaud de Billy Wilder.

Dans un film comme celui-là, je suis un peu dans l’esprit du Mystère du sortilège de jade… J’ai été inspiré aussi par La flèche brisée, un western qui montrait que les Indiens ont une âme, ce ne sont pas que des bandits, ce sont des hommes avec qui on discute. Je me suis dit en faisant ce film que je tenterai de donner ce même plaisir de vie. La vérité est la diversité. Quand on prête oreille à l’autre, on finit par découvrir une facette de la vérité. C’est un peu moins La poursuite du diamant vert, mais à partir du moment où il y a l’aventure, la forêt, cette pêche-là, pourquoi pas, c’est un film que j’aime aussi.

On pense aussi à Un indien dans la ville, avec Thierry Lhermitte, pour la relation entre adulte et enfant.

C’est vrai. Nous avons trouvé pour l’enfant un acteur formidable, Yonas Perou. Il incarne bien le personnage avec sa vitalité, sa turbulence et en même temps, sa tendresse. Il jouait le rôle de Simba dans la comédie musicale Le roi lion. C’est un garçon super, je pense qu’il a beaucoup d’avenir. Le casting a été long mais j’avais vu Hélène de Fougerolles dans Mortel transfert de Jean-Jacques Beinex, elle jouait le rôle de la marquise de Pompadour avec Vincent Perez et je me suis toujours dit qu’elle représentait un éternel féminin. Elle a foncé… après beaucoup de discussions. Elle voulait sentir le personnage et puis, elle a dit « je viens avec vous ». Eric Ebouaney, sur l’Europe et la France, est certainement le comédien africain qui commence à se détacher du lot. Il y a aussi des comédiens qui jouent en tandem, Jean-Claude M’packa et Prince de Capistran, ce sont les comédiens les plus présents au Gabon. Nous avons fait un casting sur tous ces rôles, il y a toujours une magie qui se manifeste en casting.

Chacun en prend pour son grade, on n’est pas côté noir, côté blanc. Le film est tous publics.

Disons que le monde n’est pas blanc et noir. Le monde est en couleurs.

Propos recueillis par Caroline Pochon

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