Et si Dieu me demande, dites-lui que je dors  

Chasse à la mémoire

Rosie Parks (demandant à ne pas être confondue avec Rosa Parks) reçoit une jolie lettre d'invitation de la part de Edmond VII, qui se dit éditeur camerounais et descendant de Louis XIV. Il l'invite à venir au Cameroun, avec d'autres femmes romancières, tous frais payés, en échange d'un texte qu'elle doit écrire sur la femme qu'elle aurait rêvé d'être. Rien de bien compliqué en quelque sorte, sauf que des souvenirs et des rêves, Rosie n'en a plus beaucoup, mais qu'à cela ne tienne, l'offre est alléchante.
Rosie débarque donc à Yaoundé, dans un bel hôtel où elle ne tarde pas à tester divers caprices et à se livrer aux observations les plus folles de ses contemporains.
Sur place, Rosie fait la connaissance d'Angélique, dont la bouche égrène le mot azur au fil des jours, et de Mona Lisa, femme étrange et envoûtante. Edmond VII supervise ce harem littéraire. L'aventure commence, bizarre, rocambolesque par moments, souvent tendre et douloureuse à la fois.

Bessora, romancière de père gabonais et de mère suisse, a choisi un bien joli titre pour ce roman écrit avec pas mal d'humour, d'ironie et un rythme vif, qui illustre bien les tourments et les remous qui agitent l'esprit de Rosie Parks. petit à petit, au gré des rencontres, celle-ci se replonge dans son passé d'amnésique et à l'aide de scientifiques plutôt dingos et d'expériences farfelues, elle met le doigt sur ce qui a emprisonné sa mémoire pendant aussi longtemps. Avec entre les coups, des échanges emportés, des regards acérés portés sur le pays ou sur la société, des réflexions intéressantes sur l'écriture et la littérature et énormément de sensibilité qui déborde à chaque instant.
Par moments, j'ai ressenti de la fébrilité dans ce récit, comme si la plume de l'auteur voulait à tout prix coucher sur papier un maximum d'idées, comme si elle avait bien trop de choses à dire et qu'elle craignait de les oublier. Cela donne au tout un aspect parfois décousu, mais d'un autre côté, ça colle au personnage amnésique central du roman, une femme tantôt touchante tantôt très agaçante par sa condescendance.
Un roman à découvrir, certainement, tout en veillant à reprendre de temps en temps sa respiration sous peine de voir ce rythme quelque peu trépidant lasser avant l'heure, ce qui serait dommage.


critiqué par Sahkti le 30 janvier 2008


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