Manifestations Gabon
Gabon: violences lors d'une manifestation anti-Ali Bongo Version AFP
LIBREVILLE — Gaz lacrymogène, charges, coups de matraque, cailloux, bouteilles et autres projectiles lancés: des affrontements entre manifestants et policiers à Libreville ont fait plusieurs blessés lors d'un rassemblement contre Ali Bongo, fils du défunt président Omar Bongo et candidat à sa succession le 30 août.
Ils ne sont que quelques centaines à Rio, un quartier populaire à l'est de Libreville, lorsque la police tire les premières grenades lacrymogène vers 10h30 (9h30 GMT) pour disperser cette manifestation interdite par les autorités et organisée par une coalition de candidats. Tous demandent la démission d'Ali Bongo de son poste de ministre de la Défense au nom de l'égalité des chances à la présidentielle.
Des petits groupes se forment, lancent des pierres et bouteilles sur les forces de l'ordre, qui chargent par vagues, sans toutefois s'aventurer dans les ruelles du "matiti" (quartier). Des manifestants n'hésitent pas à rendre les coups. Lors d'une accalmie, l'un d'eux brandit fièrement une botte Ranger arrachée à un policier.
Aucun des candidats qui a appelé à la manifestation n'est encore visible sur les lieux.
"Le Gabon n'est pas une monarchie. C'est le peuple qui doit décider. Ali va-t-en", lance Ghislain Ledoux, un étudiant, tout en provoquant les policiers: "On n'a pas peur de vous".
"L'ère du PDG (Parti démocratique gabonais fondé par le président Bongo) est révolu. L'ère du Parti des +détourneurs+ gabonais est terminé", souligne plus calme un quadragénaire qui ne donne que son nom de famille "Ondo". "Quand j'avais 18 ans, on s'est battu pour le multipartisme, il y a eu des émeutes (en 1990, ndlr). Ca recommence…"
"On a supporté le père, on ne veut pas du fils. Si on ne nous écoute pas, on va tout brûler", lance un autre jeune, sans vouloir donner son nom.
Visage en sang, un manifestant est emporté inerte par les forces de l'ordre. Bruno Ben Moubamba, candidat indépendant, très croyant, surgit en brandissant une croix. Théatral, il déboutonne sa chemise et présente son torse aux policiers "Tirez, tirez!" hurle-t-il. "Les forces de sécurité doivent protéger les Gabonais! Vous n'avez pas le droit de massacrer votre propre peuple".
Les candidats présidentiels arrivent un à un: Pierre Mamboundou, Zacharie Myboto, Jules Aristide Bourdès Ogouliguendé, Luc Bengono Nsi, les indépendants Bruno Ben Moubamba, Casimir Oyé Mba, André Mba Obame et Anna Claudine Ayo Assayi ainsi que Paul Mba Abessole, en lice pour un parti de la majorité. La police se retire. Les manifestants sont désormais entre 5 à 6000. L'AFP a dénombré au moins 6 blessés.
"La réaction de la police a été très violente, démesurée" souligne Bourdès Ogouliguendé, porte-parole des candidats présents, qui a notamment pu faire transporter à l'hôpital le blessé emporté par la police. "Nous avons calmé la situation mais nous continuons à demander la démission d'Ali Bongo, il ne peut être ministre et candidat. Nous réclamons aussi le +nettoyage+ des listes électorales afin que nous ayons des élections justes et transparentes".
Les manifestants, dont les rangs ne cessent de grossir, se dirigent ensuite dans le calme vers la cité de la Démocratie en criant des slogans tels que "On veut le changement"; "Ali démissionne"; "Ali dictateur".
Certains manifestent aussi leur hostilité à la France: "Que la France ne soutienne pas Ali, sinon ce sera un bain de sang pour les Français", menace un manifestant, soulevant à la fois des hourrahs mais aussi des huées de réprobation.
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