mythe kota  

((COMMENT METSADJI-~METSADJI RENCONTRA LES BLANCS ET CE Q~'ILEN ADVINT»
[raconté par Mme MAMBOKOU Marie, dialecte ikota, Mékambo (3).]
CC Zumbé ayant déjà engendré de nombreux enfants engendra un garçon du nom de Metsadji-Metsadji (4) autrement dit le M galeux ». Zzmbé l’ayant pris en aversion à cause de son mal, le chassa du village et de sa famille. Le malheureux enfant refusait toujours de partir voulant rester avec les siens, sachant bien que tout seul en brousse il mourrait. Zamb6 en eut assez et un jour l’attrapa, l’injuria et le battit méchamment (5).

L’enfant ulceré demanda à sa mère de lui préparer une provision de manioc : « Mère, prépare-moi du manioc ; pile, pile la farine et donne-moi de quoi me nourrir pendant mon voyage car je m’en vais de ce village, chassé par mon père ! N. Alors il partit loin, très loin. 11 dormit en brousse sous les arbres, puis marcha toute la journée et ainsi de suite pen- dant plusieurs jours. Un matin, en se réveillant, il trouva une pointe d’éléphant près de lui. 11 la prit, l’amarra dans ses affaires en se disant que cela pourrait toujours servir et poursuivit sa route jusqu’à une grande rivière. Arrivé au bord de l’eau, il se trouva fatigué et se coucha sur le sable pour dormir. Soudain, il fut réveillé par un bruit venant de la rivière, un bruit cadencé de pagaies sur l’eau. Il vit alors que t’étaient des hommes blancs qui allaient sur la rivière dans une pirogue. L’ayant vu sur la berge, les hommes blancs s’arrêtèrent de pagayer, s’approchèrent du bord et lui demandèrent :
(( Enfant, que fais-tu là tout seul ? - Ma famille m’a chassé du village, tous les hommes me chassent, alors je suis parti en brousse loin de tous, pour mourir !
Les hommes blancs reprirent :
- Pourquoi es-tu parti de chez toi la colère au cœur, pourquoi les tiens t’ont-ils chassé ? Ne te laisse donc pas mourir mais reste plutôt avec nous !
Puis voyant la pointe d’éléphant dans les affaires de l’enfant :
- Qu’as-tu donc là dans tes affaires, en dessous ? Donne-le nous, nous te l’échangerons contre autre chose )).
Metsaa’ji-Metsua’ji sortit alors la défense d’éléphant et la donna aux hommes blancs. Ceux-ci en échange lui donnèrent un savon pour guérir la gale. Aussitôt il s’en frotta le corps, frotta frotta, frotta si bien que toute sa peau redevint saine en un instant. II partit ensuite avec les blancs et devint riche. Alors il engagea des manœuvres qui l’aidèrent à construire un beau vil- lage. Il prit beaucoup d’épouses et devint riche. Aussi ce nouveau village étant le plus propre, le plus riche et le plus actif du pays, toute la parenté de Metsadji-Metsadji vint résider à ses côtés, les oncles, les cousins, les frères petits et grands. Le jeune chef de village dit alors : c Allez donc chercher notre vieux pére pour qu’il vienne me visiter dans ce village )). Prévenu par la renommée grandissante de ce nouveau chef, Zanzbé accepta de venir voir Metsadji-Metsadji, sans se rappeler que c’était son propre fils, l’enfant qu’il avait chassé autrefois. Zanzbé étant arrivé au village, le fils tua des cabris et des poules en signe de bienvenue et offrit même une de ses épou- ses pour la nuit. Zazzzbk, très flatté et heureux de l’accueil de celui qu’il prenait pour un simple ami, accepta cet honneur et coucha avec la femme. Plus tard, c’est Metsadji-Metsadji qui vint en visite chez son père. Celui-ci l’accueillit très bien et tua de nombreux cabris, poules et moutons en signe de réjouissance. Alors, avant de repartir chez lui, Metsadji-Metsaa’ji demanda la convocation du conseil des sages du clan. Tous les vieillards étant réunis il raconta sa longue histoire et se découvrit à son père. Zanzbé écouta comme les autres et reconnut le fils qu’il avait autrefois chassé. Il en fut tout honteux d’autant plus que lors de sa visite au village de ce qu’il croyait être un simple ami, il avait forniqué avec l’une de ses propres belles-filles. Zanzbé dit alors :
(( Reste au pays, mon fils, moi je dois disparaître et mourir puisque je me suis couvert de honte à ton égard J).
Metsadji-Metsadjî, après que Zambé se fut retiré dans sa case et couché pour mourir, retourna dans son village avec l’approbation de tous les sages du clan 1).
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APERÇUS PHYSIQUES DE L’EST DU GABON  


Le pays kota se trouve principalement au Gabon, dans l’est de la République, avec quelques zones de débordement sur le Congo-Brazzaville. 11 est plus ou moins en forme de champignon, la plus grande région d’extension se trouvant au nord d’okondja entre Booué et Mékambo. Il représente environ 72 000 km’ pour 480 km du nord au sud et 360 km d’ouest en est, soit environ le quart de la superficie du Gabon.
L’aspect physique du pays kota est tout à fait homogène. Le relief est constitué par un vaste plateau d’altitude moyenne (300 à 600 m) surplombant la haute vallée de 1’Ogooué et appuyé vers l’Est sur des « montagnes » un peu plus élevées (1 000 m). Par endroits, quelques mamelons dominent les collines. le massif ferrugineux de Boka-Boka près de l&kambo (900 m) et le mont Ngouadi au centre du plateau (700 m ?). Le paysage se présente comme un foisonnement très serré de cours d’eau. Ceux-ci dépendent tous du bassin de 1’Ogooué qui borde le plateau au sud-ouest cela par l’intermédiaire, au nord, de l’lvindo et au sud de la Sébé.
Le cours supérieur de 1’Ogooué est coupé de nombreux rapides et de chutes (chutes Poubara et Machogo) au passage du plateau à la moyenne vallée.
La Sébé couvre un bassin étendu avec un cours sinueux au fond d’un ancien lac. APERÇUS PHYSIQUES DE L’EST DU GABON
Le pays kota se trouve principalement au Gabon, dans l’est de la République, avec quelques zones de débordement sur le Congo-Brazzaville. 11 est plus ou moins en forme de champignon, la plus grande région d’extension se trouvant au nord d’okondja entre Booué et Mékambo. Il représente environ 72 000 km’ pour 480 km du nord au sud et 360 km d’ouest en est, soit environ le quart de la superficie du Gabon.
L’aspect physique du pays kota est tout à fait homogène. Le relief est constitué par un vaste plateau d’altitude moyenne (300 à 600 m) surplombant la haute vallée de 1’Ogooué et appuyé vers l’Est sur des « montagnes » un peu plus élevées (1 000 m). Par endroits, quelques mamelons dominent les collines. le massif ferrugineux de Boka-Boka près de l&kambo (900 m) et le mont Ngouadi au centre du plateau (700 m ?). Le paysage se présente comme un foisonnement très serré de cours d’eau. Ceux-ci dépendent tous du bassin de 1’Ogooué qui borde le plateau au sud-ouest cela par l’intermédiaire, au nord, de l’lvindo et au sud de la Sébé.
Le cours supérieur de 1’Ogooué est coupé de nombreux rapides et de chutes (chutes Poubara et Machogo) au passage du plateau à la moyenne vallée.
La Sébé couvre un bassin étendu avec un cours sinueux au fond d’un ancien lac. L’lvindo (570 km) après un cours supérieur coupé de rapides devient sinueux également pour se jeter dans I’Ogooué en amont de Booué après plusieurs chutes importantes sur le rebord du plateau. Ses affluents gauches, Djouah, Djaddié, Liboumba, Mounianghi, drainent tout le nord du pays kota. Leurs nombreuses ramifications forment des zones marécageuses dans les bas-fonds. L’ensemble de la région est recouvert par la forêt dense de type équatorial qui couvre même les mamelons les plus élevés. On a ainsi une impression renforcée de monotonie. La forêt vierge (avec des arbres de 40 à 60 m de haut) ne se trouve plus que dans les zones à l’écart, en dehors des axes de peuplement. Ailleurs domine la forêt secondaire un peu moins haute mais plus touffue. Le climat également de type équatorial est très humide avec une double alternance des saisons sèches et pluvieuses. Du nord au sud on peut toutefois distinguer deux micro-climats : au nord, un climat rela- tivement moins humide (pluviométrie 1 600 mm) avec plus de 200 jours de pluie par an ; au sud, un climat plus humide (1 800 mm) avec une saison sèche plus marquée (100 à 140 jours de pluie par an). Ainsi, la région de Mékambo est-elle caractérisée en juin-juillet par de longues journées de crachin avec un fort brouillard matinal et une courte période entièrement sèche (août) ; celle de Franceville, par une forte saison des pluies suivie d’une longue saison sèche (mai-septembre). 11 ne semble pas toutefois que ces particularités régionales, pas plus que le relief ou la végétation aient une importance quelconque sur la mise en place des populations. C’est plutôt le réseau hydrographi- que qui est à considérer car il constitue dans ce pays inhospitalier couvert de forêts impénétrables, des axes de circulation privilégiés. A ce point de vue I’Ogooué, I’Ivindo et la Sébé ont été les voies de pénétra- tion du pays kota.
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Gabon from above!  

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La poésie gabonaise  

Gabon : La poésie gabonaise, naissance, évolution, tendances actuelles

Lire hors-ligne :
La littérature gabonaise relativement jeune. Ses premiers textes poétiques datent de 1967, notamment Concepts gabonais et Dialectique gabonaise de Paul-Vin cent Pounah. Sa première fiction, His toire un enfant trouvé, voit le jour en 1971. Quant au théâtre, il a sa pre mière illustration en 1981, avec La mort de Guykafi de Vincent de Paul Nyonda. La nouvelle et l’essai litté raire n’apparaîtront qu’en 1999, avec France Afrique et parfait silence: essai sur les enjeux africains de la .francophonie de Auguste Moussirou Mouyama et Enfant des masques de Ludovic Emane Obiang . Depuis lors, d’autres poètes, romanciers, drama turges et essayistes se sont affirmés aux côtés de ces pi°’1niers si bien qu’à ce jour, on dénombre une cinquantaine de recueils de poèmes, une vingtaine de romans, cinq pièces théâtrales, deux essais et un recueil de nouvel les. Une production littéraire quantitativement modeste mais d’une va leur thématique, stylistique et idéolo gique avérée, mais qui gagnerait à sor tir du silence. Au regard de ce qui pré cède, nous voyons une prédominance de l’expression poétique. On peut dis tinguer trois grands moments dans la poésie Gabonaise :
1°) De 1967 à 1970, C’est la poésie de l’assimilation. Elle est le fruit des premiers étudiants gabonais expérimentant la théorie de la bi-culturation. Loin des préoccupations idéologiques liées à la colonisation, elle choisit le terrain de l’échange, du métissage culturel et de la valorisation du pou voir colonial. Paul-Vincent Pounah propose Concepts gabonais et Dialec tique gabonaise (1967), tandis que Walker Deemin présente les poèmes de France (1965). Incarnation de « l’élève- modèle », les textes cités sont la reproduction fidèle de l’art poéti que de Boileau. Cette attitude peut trouver sa justification dans l’ascen dance de la figure du colonisateur et dans les relations franco-gabonaises de l’époque. Comme le dit l’histoire, le Gabon, comme beaucoup d’autres colonies sous tutelle française, vivait en bonne intelligence avec la métro pole. C’est un secret de polichinelle que le premier président gabonais, Léon Mba, avait opté pour la départementalisation du Gabon, refu sant l’indépendance. Francophile et fier de l’être, plus proche de Paris que de Brazzaville selon San Marco dans Le colonisateur colonisé, « il voulait bâtir un Gabon français ». Malheu reusement pour lui, c’est la France qui lui imposa l’indépendance du pays. Ce détour historique. pourrait donc expli quer la tendance de l’époque à imiter, parfois servilement, le style des écri vains de ce pays censés montrer l’exemple et pour s’en montrer digne.
2°) De 1970 à 1990: C’est la poésie de la contemplation, d’une part. Cette période est surtout représentative des réalités du mini – terroir. On y lit une tendance visible dans l’affirmation du noir, du gabonais dans son espace. C’est ce que Joseph-Bill Mamboungou et Georges Rawiri nous donnent dans L ‘harmonie de la forêt (1975) et Les chants du Gabon (1975). Moïse Nkoghe-Nvé (père de l’écrivain Okoumba-Nkoghe) rédige Les fables et poèmes choisis (1975), Okoumba Nkoghe fait paraître Rhône-ogooué(1980). Poésie dite de la contingence, selon Papa samba Diop, elle traite de la condition de l’homme « en situa tion ». En cela, elle est essentiellement descriptive et lyrique: l’idéalisation de la tradition, la vénération des objets ou rituels ancestraux tels que les mas ques, les danses, les religions tradi tionnelles, la célébration de la beauté de la femme, de la mère, du village, etc.
Par la suite apparaît une autre ten dance, celle de la dissimulation, d’autre part. C’est le besoin, de façon timide certes, de faire l’autopsie de la société. Ainsi naît une poésie ayant une thé matique particulière: le silence. Le chef de file de ce mouvement poéti que est Pierre- Edgar Moujegou, cé lèbre parolier du chanteur gabonais Pierre Claver Akendengué, avec Le Crépuscule des silences(1975)...
Je suis venu cultiver d’autres chants parmi les morts…
Mission inachevée
Des poètes itinérants chantant
La gloire lointaine de nos combat tants
Histoire fermée comme un poing
Ma révolte pressoir des jours tris tes.. .
Ce recueil est suivi de Ainsi parlaient les anciens (1987). Mais comment s’exprimer dans un environnement coercitif ? Des lois non écrites inter disent la liberté d’expression, en cette période de monopartisme. On se con tente donc du clair-obscur. C’est le cas de Rêves de l’aube (1975) de feu Ndouna Depenaud, de Soleil captif (1982) de Diata Duma, de L’homme perdu (1983) de Ondo Obiang Biyoa, de Voyage au cœur de la plèbe (1986) de Quentin Ben Mongaryas ou de Okoumba-Nkhogue Le Soleil élargit la misère, Paroles vives écorchées (1980), les Sens du silence (1980) de Léon Ivanga, Milang Missi (Les cho ses de la terre) de Bivegue Bi Azi (1990), etc.
De 1990 à 2004 :
C’est la période de la dénonciation. Elle va jeter le masque à partir de 1990, date importante en Afrique subsaharienne en ce qu’elle représente pour plusieurs pays le passage du monopartisme au multipartisme. Et cette ouverture politique va favoriser une poésie d’un autre ton, autrement dit plus offensive dans le traitement des sujets, qu’ils soient sociaux ou politiques. C’est le cas D’Ombre et de silences (1992) de Janvier Nguema Mboumba, suivi de Dzibe (qui signi fie obs~’Jfité dans la langue de l’auteur) traduisant l’opacité de l’horizon pour les populations gabonaises. C’est le titre évocateur, Vitriol Bantu (2001) de Ferdinand Ollogo Oke, qui illustre le mieux cette contestation ouverte, avec notamment :
Ma poésie…
C’est le lourd pilon qui cogne
Les calvities des grands et des petits baobabs
C’est la moustache mobile d’une sou ris synthétique
Qui rit les lèvres absentes…
Qui veut pénétrer ma poésie
N’a qu’à croire à la force des mots…
Car seul le mot peut faire
D ‘une maison une prison
D’une prison une aubaine
D’une aubaine une peine
D’une peine un sourire
D’un sourire un tombeau
D’un tombeau un château
D’un château un mégot
D’un mégot un manchot
D ‘un manchot un simple
Poteau d’exécution
Des
Bonheurs
Retardés.
Nous ne manquerons pas de mention ner le titre aux accents d’antiphrase ironique, Patrimoine (2002) de Lucie Mba, fille de feu Léon Mba, premier président du Gabon, qui promène un pinceau acéré dans la société gabo naise avec ces deux extraits :
Réplique:
… Quand une société par insouciance
Se coupe des plus faibles de ses maillons
Se détourne de la solidarité
A -t-on touché le fond ?
Et
Petit Paris
Petit-Paris a pleuré en cette nuit moirée
martelée par des cris stridents
d’hommes et de femmes abasourdis …
des enfants lapés par des lames de feu
se consument au fond d’un puits de flammes…
Des pompiers arrivés bien tard
Manque de carburant? Peur des far ceurs ? …
Défoncent, arrachent, scient
Portes et fenêtres pour extirper
De cette fournaise l’amas de corps Calcinés, carbonisés. lacérés de
Asafa, Abou, Moussa, Dada et Aïcha …
Pendant ce temps…
L ‘élection de Miss Gabon
De Miss Malaïka et autres
Nourrissent les esprits.
C’est dire le niveau d’engagement at teint par la poésie gabonaise dans l’ex pression du vécu quotidien des popu lations. Car si la poésie est cette at tention, cette précaution accordée au langage, elle n’en demeure pas moins fille de la société. C’est en cela que, comme le philosophe, le poète, le romancier, le dramaturge, bref l’écrivain en général peut s’attacher à modeler son monde, à influencer favorablement la société, notamment la jeunesse au regard de son versant éducatif, à conseiller objectivement les Princes, grâce à son pouvoir d’introduction dans les consciences et de sensibilisation des intelligences. Toutefois, il reste des écueils :
– D’abord la question de son décryptage dans une Afrique globalement analphabète, sachant que la langue de communication demeure le français. Ecrire en langues nationales devient donc une nécessité ;
– Ensuite la capacité d’exportation, car le monde se totalise et notre poésie a besoin de repousser de plus en plus les frontières nationales. Ici se formule le problème de l’universalité ou de l’africanité des thèmes abordés dans nos textes poétiques ;
– Enfin il y a le coût à la fois de fabrication et de vente des ouvrages poétiques. Genre élitiste à l’origine, la poésie a besoin aujourd’hui de parler pour une meilleure intelligence de ses subtilités. Il y a donc lieu de développer des associations, des réseaux, afin d’intéresser les jeunes générations à ce genre littéraire en perte d’intérêt. C’est finalement la question de survie de la poésie africaine, notre âme. C’est la préservation de notre identité, de notre africanité, jusque dans l’écriture même de nos textes. Cette vigilance est fondamentale car même en utilisant les mots de France, nous pouvons traduire nos préoccupations de manière africaine. Léon Laleau nous met en garde à ce sujet :
D’Europe, sentez-vous cette souffrance
Et ce désespoir à nul autre égal
D’apprivoiser avec les mots de France
Ce cœur qui m’est venu du Sénégal ?
Cf. Trahison.

Gabon : La poésie gabonaise, naissance, évolution, tendances actuelles

Lire hors-ligne :
La littérature gabonaise relativement jeune. Ses premiers textes poétiques datent de 1967, notamment Concepts gabonais et Dialectique gabonaise de Paul-Vin cent Pounah. Sa première fiction, His toire un enfant trouvé, voit le jour en 1971. Quant au théâtre, il a sa pre mière illustration en 1981, avec La mort de Guykafi de Vincent de Paul Nyonda. La nouvelle et l’essai litté raire n’apparaîtront qu’en 1999, avec France Afrique et parfait silence: essai sur les enjeux africains de la .francophonie de Auguste Moussirou Mouyama et Enfant des masques de Ludovic Emane Obiang . Depuis lors, d’autres poètes, romanciers, drama turges et essayistes se sont affirmés aux côtés de ces pi°’1niers si bien qu’à ce jour, on dénombre une cinquantaine de recueils de poèmes, une vingtaine de romans, cinq pièces théâtrales, deux essais et un recueil de nouvel les. Une production littéraire quantitativement modeste mais d’une va leur thématique, stylistique et idéolo gique avérée, mais qui gagnerait à sor tir du silence. Au regard de ce qui pré cède, nous voyons une prédominance de l’expression poétique. On peut dis tinguer trois grands moments dans la poésie Gabonaise :
1°) De 1967 à 1970, C’est la poésie de l’assimilation. Elle est le fruit des premiers étudiants gabonais expérimentant la théorie de la bi-culturation. Loin des préoccupations idéologiques liées à la colonisation, elle choisit le terrain de l’échange, du métissage culturel et de la valorisation du pou voir colonial. Paul-Vincent Pounah propose Concepts gabonais et Dialec tique gabonaise (1967), tandis que Walker Deemin présente les poèmes de France (1965). Incarnation de « l’élève- modèle », les textes cités sont la reproduction fidèle de l’art poéti que de Boileau. Cette attitude peut trouver sa justification dans l’ascen dance de la figure du colonisateur et dans les relations franco-gabonaises de l’époque. Comme le dit l’histoire, le Gabon, comme beaucoup d’autres colonies sous tutelle française, vivait en bonne intelligence avec la métro pole. C’est un secret de polichinelle que le premier président gabonais, Léon Mba, avait opté pour la départementalisation du Gabon, refu sant l’indépendance. Francophile et fier de l’être, plus proche de Paris que de Brazzaville selon San Marco dans Le colonisateur colonisé, « il voulait bâtir un Gabon français ». Malheu reusement pour lui, c’est la France qui lui imposa l’indépendance du pays. Ce détour historique. pourrait donc expli quer la tendance de l’époque à imiter, parfois servilement, le style des écri vains de ce pays censés montrer l’exemple et pour s’en montrer digne.
2°) De 1970 à 1990: C’est la poésie de la contemplation, d’une part. Cette période est surtout représentative des réalités du mini – terroir. On y lit une tendance visible dans l’affirmation du noir, du gabonais dans son espace. C’est ce que Joseph-Bill Mamboungou et Georges Rawiri nous donnent dans L ‘harmonie de la forêt (1975) et Les chants du Gabon (1975). Moïse Nkoghe-Nvé (père de l’écrivain Okoumba-Nkoghe) rédige Les fables et poèmes choisis (1975), Okoumba Nkoghe fait paraître Rhône-ogooué(1980). Poésie dite de la contingence, selon Papa samba Diop, elle traite de la condition de l’homme « en situa tion ». En cela, elle est essentiellement descriptive et lyrique: l’idéalisation de la tradition, la vénération des objets ou rituels ancestraux tels que les mas ques, les danses, les religions tradi tionnelles, la célébration de la beauté de la femme, de la mère, du village, etc.
Par la suite apparaît une autre ten dance, celle de la dissimulation, d’autre part. C’est le besoin, de façon timide certes, de faire l’autopsie de la société. Ainsi naît une poésie ayant une thé matique particulière: le silence. Le chef de file de ce mouvement poéti que est Pierre- Edgar Moujegou, cé lèbre parolier du chanteur gabonais Pierre Claver Akendengué, avec Le Crépuscule des silences(1975)...
Je suis venu cultiver d’autres chants parmi les morts…
Mission inachevée
Des poètes itinérants chantant
La gloire lointaine de nos combat tants
Histoire fermée comme un poing
Ma révolte pressoir des jours tris tes.. .
Ce recueil est suivi de Ainsi parlaient les anciens (1987). Mais comment s’exprimer dans un environnement coercitif ? Des lois non écrites inter disent la liberté d’expression, en cette période de monopartisme. On se con tente donc du clair-obscur. C’est le cas de Rêves de l’aube (1975) de feu Ndouna Depenaud, de Soleil captif (1982) de Diata Duma, de L’homme perdu (1983) de Ondo Obiang Biyoa, de Voyage au cœur de la plèbe (1986) de Quentin Ben Mongaryas ou de Okoumba-Nkhogue Le Soleil élargit la misère, Paroles vives écorchées (1980), les Sens du silence (1980) de Léon Ivanga, Milang Missi (Les cho ses de la terre) de Bivegue Bi Azi (1990), etc.
De 1990 à 2004 :
C’est la période de la dénonciation. Elle va jeter le masque à partir de 1990, date importante en Afrique subsaharienne en ce qu’elle représente pour plusieurs pays le passage du monopartisme au multipartisme. Et cette ouverture politique va favoriser une poésie d’un autre ton, autrement dit plus offensive dans le traitement des sujets, qu’ils soient sociaux ou politiques. C’est le cas D’Ombre et de silences (1992) de Janvier Nguema Mboumba, suivi de Dzibe (qui signi fie obs~’Jfité dans la langue de l’auteur) traduisant l’opacité de l’horizon pour les populations gabonaises. C’est le titre évocateur, Vitriol Bantu (2001) de Ferdinand Ollogo Oke, qui illustre le mieux cette contestation ouverte, avec notamment :
Ma poésie…
C’est le lourd pilon qui cogne
Les calvities des grands et des petits baobabs
C’est la moustache mobile d’une sou ris synthétique
Qui rit les lèvres absentes…
Qui veut pénétrer ma poésie
N’a qu’à croire à la force des mots…
Car seul le mot peut faire
D ‘une maison une prison
D’une prison une aubaine
D’une aubaine une peine
D’une peine un sourire
D’un sourire un tombeau
D’un tombeau un château
D’un château un mégot
D’un mégot un manchot
D ‘un manchot un simple
Poteau d’exécution
Des
Bonheurs
Retardés.
Nous ne manquerons pas de mention ner le titre aux accents d’antiphrase ironique, Patrimoine (2002) de Lucie Mba, fille de feu Léon Mba, premier président du Gabon, qui promène un pinceau acéré dans la société gabo naise avec ces deux extraits :
Réplique:
… Quand une société par insouciance
Se coupe des plus faibles de ses maillons
Se détourne de la solidarité
A -t-on touché le fond ?
Et
Petit Paris
Petit-Paris a pleuré en cette nuit moirée
martelée par des cris stridents
d’hommes et de femmes abasourdis …
des enfants lapés par des lames de feu
se consument au fond d’un puits de flammes…
Des pompiers arrivés bien tard
Manque de carburant? Peur des far ceurs ? …
Défoncent, arrachent, scient
Portes et fenêtres pour extirper
De cette fournaise l’amas de corps Calcinés, carbonisés. lacérés de
Asafa, Abou, Moussa, Dada et Aïcha …
Pendant ce temps…
L ‘élection de Miss Gabon
De Miss Malaïka et autres
Nourrissent les esprits.
C’est dire le niveau d’engagement at teint par la poésie gabonaise dans l’ex pression du vécu quotidien des popu lations. Car si la poésie est cette at tention, cette précaution accordée au langage, elle n’en demeure pas moins fille de la société. C’est en cela que, comme le philosophe, le poète, le romancier, le dramaturge, bref l’écrivain en général peut s’attacher à modeler son monde, à influencer favorablement la société, notamment la jeunesse au regard de son versant éducatif, à conseiller objectivement les Princes, grâce à son pouvoir d’introduction dans les consciences et de sensibilisation des intelligences. Toutefois, il reste des écueils :
– D’abord la question de son décryptage dans une Afrique globalement analphabète, sachant que la langue de communication demeure le français. Ecrire en langues nationales devient donc une nécessité ;
– Ensuite la capacité d’exportation, car le monde se totalise et notre poésie a besoin de repousser de plus en plus les frontières nationales. Ici se formule le problème de l’universalité ou de l’africanité des thèmes abordés dans nos textes poétiques ;
– Enfin il y a le coût à la fois de fabrication et de vente des ouvrages poétiques. Genre élitiste à l’origine, la poésie a besoin aujourd’hui de parler pour une meilleure intelligence de ses subtilités. Il y a donc lieu de développer des associations, des réseaux, afin d’intéresser les jeunes générations à ce genre littéraire en perte d’intérêt. C’est finalement la question de survie de la poésie africaine, notre âme. C’est la préservation de notre identité, de notre africanité, jusque dans l’écriture même de nos textes. Cette vigilance est fondamentale car même en utilisant les mots de France, nous pouvons traduire nos préoccupations de manière africaine. Léon Laleau nous met en garde à ce sujet :
D’Europe, sentez-vous cette souffrance
Et ce désespoir à nul autre égal
D’apprivoiser avec les mots de France
Ce cœur qui m’est venu du Sénégal ?
Cf. Trahison.vv

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Cuisine Nzèbi  

L'alimentation de nos parents les enfants de mam Kenguè. La base alimentaire des Nzèbi se compose du manioc et ses feuilles ( pita na mayagha ), des turbercules ( bigwongo ), de deux variétés d’arachides ( pénda ), de trois variétés d’ignames bambala), des tomates ( batomate ), de trois ou quatre variétés de piments ( bandungu) , des courges( nzac ), des citrouilles ( maléngè ), du tabac ( iwole sha makayi ), de deux variétés de taros et feuilles ( batsanga na yidoc ), de quatre variétés de bananes ( matoto na makoe ), du maïs ( ba putu ), de la canne à sucre ( misungu ), des aubergines ( mbongol o), de l’oseille( bukulu) , du gombo ( mibodi) , et les calebasses ( matsoba) . Certaines plantes ainsi inventoriées ne sont cultivées ni au même moment, ni au même endroit, encore moins par tous les membres, hommes et femmes, d’un groupe de parenté donné. Ces plantes ne sont donc pas cultivées ensembles, aussi y a - t - il successivement une année à courges et une année à aubergines, par exemple. Pour reprendre les propos de Suzanne, les calebasses n e sont plantées que l’année de courges et les tomates, l’année des aubergines ainsi que le tabac.

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Les gabonais champions d'Afrique en cuisine  

Une bonne nouvelle au Gabon, l'Association des cuisiniers du pays (ACG) a remporté récemment en Afrique du Sud le « Trophée Nelson Mandela pour la cuisine panafricaine ». Dix pays ont participé à cette compétition co-organisée par l'Union africaine. Et le Gabon a remporté le premier prix, suivi du Zimbabwe et de l'Afrique du Sud.

Depuis qu'ils sont rentrés d'Afrique du Sud, les membres de l’Association des cuisiniers du Gabon sont sur un petit nuage. Ils enchaînent les passages sur les plateaux de télévision pour annoncer la bonne nouvelle au Gabonais.
« On a mené ce vert-jaune-bleu jusqu’au bout. Et c’est la victoire de tout le Gabon. On est en train de rentrer dans une grande histoire de la cuisine gabonaise », estime Claude Livia Ntsame Mba, membre de l'écurie gagnante.
Ces Panthères, version cuisine, ont puisé dans la pure tradition culinaire de cinq des neuf provinces du Gabon pour concocter le menu qui a envouté le jury. Merlin Ella, le chef, dévoile un petit coin de ce menu : « En entrée, déjà, nous sommes partis sur une base de chenilles. On a aussi harmonisé ça avec de la patate douce et des graines de courge. Il fallait commencer par une soupe. Donc, vu que le Gabon est connu mondialement pour son bouillon, on a fait un bouillon de poisson avec la sardine, de l’oseille, de la tomate. C’était vraiment bien fait, en fait. Ensuite, pour le plat principal, on mange souvent des feuilles de manioc avec du poisson, c’est ce plat-là qu’on a vraiment travaillé astronomiquement à la manière des chefs. Et comme dessert, nous sommes partis sur une base de fruits sauvages que l’on trouve ici chez nous. On a travaillé ça avec une panna cotta. Les gars ont apprécié et c’était bon. C’était parfait ».
Créée en 2014, l'Association des cuisiniers du Gabon veut devenir l'ambassadrice de la cuisine gabonaise très mal connue dans le monde.

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