« Faire musique de tout bois »L’inventivité traditionnelle comme fondement d’une politique nationale de la musique au Gabon*
À examiner la situation il y a seulement trente ans1, il faut bien admettre que la créativité musicale connaît un recul dramatique au Gabon. Inexistante à l’école, elle est réduite dans le contexte familial à la « consommation » de la radio, du magnétophone, de la télé, etc. À l’organologie traditionnelle variée et indivise (xylophone, harpe, sanza, etc.), se sont substitués les instruments importés, véhicules d’une tout autre logique sociale (piano, violon, saxophone, etc.)2. On assiste ainsi à l’émergence d’un élitisme et d’une privatisation qui tranchent avec la vision communautaire de nos sociétés rurales3. Comment remédier à cette dérive, autrement qu’en faisant appel aux mécanismes internes qui naguère garantissaient la vitalité de la musique traditionnelle ? Ils participeraient alors de cette « évolution » propre, de ce développement autocentré dont l’Afrique réclame de longtemps le modèle. C’est dans ce cadre, qu’à la suite de plusieurs observateurs, nous avons choisi d’isoler les concepts de potentialité et de polyvalence4. Ces deux concepts nous ont semblé non seulement à même d’expliciter le fonctionnement de la musique traditionnelle, mais aussi de prouver son adaptabilité à l’environnement contemporain, pluriethnique et multiculturel. Ils peuvent donc être à la base d’une réflexion sur les raisons et les moyens de concevoir une politique de la musique qui soit à la fois accessible à tous et garante de notre originalité culturelle.
Les fondements théoriques des plans d’action à venir